Le système turbiditique de la baie du Bengale est le plus grand système répertorié à ce jour (Curray et al., 2003). Il est alimenté principalement par les fleuves Gange et Brahmapoutre. La baie du Bengale se caractérise par un plateau continental très large au niveau des deltas du Gange-Brahmapoutre et de l'Irrawaddy (environ 250 km) et une pente continentale abrupte sur l'ensemble de la baie.
Les données acquises lors de la mission MONOPOL en 2012 ont permis d'étudier l'activité turbiditique du système Gange-Brahmapoutre à travers des carottes sédimentaires situées sur les levées d'un chenal actif actuellement et d'un chenal inactif. Si l'une des carottes longues couvre un enregistrement sédimentaire de 200 000 ans (MD12-3412) sur le bord d'un chenal inactif, la seconde couvre les derniers 10 000 ans (MD12-3417) sur la levée du chenal actif. Les données de sismique pétrolière et de bathymétrie multifaisceaux ont permis d'étudier la position et l'architecture des différents chenaux présents dans la baie du Bengale ainsi que leurs connections potentielles aux différents fleuves alimentant la baie.
Un canyon unique au nord de la baie du Bengale incise le plateau continental jusqu'au delta du Gange-Brahmapoutre, tandis que de nombreux canyons semblent limités en amont à la pente continentale. Ces canyons sont reliés en bas de pente à de larges vallées sous-marines très sinueuses. La reconstruction de l'activité de ces vallées met en évidence une migration latérale importante des apports sédimentaires au système profond. Si la mousson régule les apports sédimentaires dans la baie du Bengale, les résultats obtenus suggèrent une alimentation différente du système profond en haut et en bas niveau marin comme cela a été montré récemment pour le système turbiditique de l'Indus (Bourget 2013). En effet, une baisse du niveau marin va directement affecter la stabilité des sédiments du plateau continental, ce qui engendre une augmentation de l'activité turbiditique pendant les périodes glaciaires.