Depuis les années 80, les alcénones (lipides d'origine phytoplanctonique) sont largement utilisées comme proxys pour estimer des températures d'eaux de surface océanique (via l'UK'37) ou des pressions partielles de CO2 (pCO2 via l'Ep37:2) dans des périodes anciennes. Dans les océans actuels, ces cétones à longues chaînes carbonées sont essentiellement produites par les coccolithophoridés Emiliania huxleyi et Gephyrocapsa oceanica. Il existe toutefois un écart temporel important entre le premier enregistrement sédimentaire des alcénones au Crétacé (120 Ma) et la première apparition des producteurs actuels (< 2 Ma). Il apparaît donc essentiel d'identifier les producteurs anciens d'alcénones afin d'assurer la fiabilité des proxys environnementaux basés sur ces biomarqueurs pour les périodes pré-quaternaires.
Cette présentation se focalisera sur la comparaison entre le contenu en alcénones (distribution et concentrations) et les abondances relatives et absolues des différentes espèces de Noëlaerhabdaceae (ancêtres de E. huxleyi et G. oceanica) dans des sédiments marins datant de l'Eocène-Oligocène (35-31 Ma), de l'Oligocène-Miocène (25-16 Ma) et du Pliocène supérieur (3,6-2,6 Ma). Les résultats montrent que, contrairement aux hypothèses précédentes, Reticulofenestra n'était pas le seul genre responsable de la production d'alcénones au Cénozoïque. De même, il est essentiel d'identifier avec précision les producteurs et la taille de leur cellule pour les estimations de paléo-pCO2. Au contraire, l'identification formelle des producteurs ne semble pas indispensable pour obtenir des estimations de paléo-températures cohérentes. Toutefois, une comparaison avec d'autres proxys de températures (organiques ou non) reste importante pour s'assurer de la fiabilité de l'UK'37.